22 janvier 2014
Le début de l’année 2014 a été marqué par une escalade de la violence au Cambodge : la répression du mouvement de grève des travailleur-euse-s de l’habillement qui réclamaient une augmentation du salaire minimum, dans un contexte politique extrêmement tendu, a conduit à un bilan d’au moins quatre travailleurs tués, 3 disparus, 39 personnes blessées et 23 arrêtées.
L’industrie du vêtement au Cambodge emploie plus de 500.000 personnes, et représente environ 95% des exportations du pays (soit 3,38 milliards d’euros par un an). Le salaire minimum dans le secteur textile est d’environ 60 € par mois, bien loin d’un salaire vital qui selon l’indicateur de l’Asia Floor Wage devrait s’élever à 285,83 €.
En décembre dernier, alors que les syndicats de travailleur-euse-s du textile réclamaient un salaire de 117 €, le gouvernement cambodgien a annoncé que le nouveau salaire minimum s’élèverait à 95 €. Un salaire largement insuffisant au vu de l’augmentation du coût de la vie dans le pays.
Une forte répression
Le 2 et 3 janvier une manifestation a été violemment réprimée par les forces de police dans la zone industrielle de Canadia à Phnom Penh. Bilan : 4 morts, 3 disparus, une quarantaine de blessés et 23 personnes arrêtées. Des dirigeants syndicaux ont été convoqués pour interrogatoire et subissent des menaces et intimidations.
Hier matin (21 janvier) 11 personnes ont été arrêtées alors qu’elles s’apprêtaient à déposer une pétition auprès de 19 ambassades. La pétition, signée par 182 organisations de la société civile locales et nationales demandait la libération des 23 détenus. Six personnes ont été arrêtées devant l’ambassade des États-Unis, et cinq autres sur le chemin de l’ambassade française. Les 11 militants arrêtés ont été libérés mais ont dû s’engager à ne plus participer à ce type de manifestations.
Suite à cette montée des violences contre les travailleur-euse-s, le Collectif Éthique sur l’étiquette, travaille en étroite collaboration avec ses partenaires au Cambodge et exige des marques d’habillement et des gouvernements la prise de mesures concrètes pour mettre un terme à la répression et garantir le droit des travailleur-euse-s à s’organiser et revendiquer. Diverses actions ont déjà été menées à travers le monde : manifestations devant les ambassades cambodgiennes, courriers adressés aux ambassadeurs et aux marques de vêtements se fournissant au Cambodge.
Un salaire vital pour les ouvrier-e-s du textile
Le Collectif Éthique sur l’étiquette et son réseau européen appellent les principales marques d’habillement à faire pression sur le gouvernement en déclarant publiquement que leurs futures commandes auprès de fournisseurs cambodgiens dépendront de :
• l’arrêt immédiat de toute forme de violence et d’intimidation vis-à-vis des travailleur-euse-s et de leurs représentants,
• la libération de toutes les personnes arrêtées et l’abandon de toute charges pour leur participation aux manifestations
• le respect de la liberté d’association et du droit de grève
Les marques doivent en outre s’engager à :
• imposer à leurs fournisseurs un prix leur permettant de garantir un salaire décent à leurs ouvrier-e-s
• soutenir la demande des travailleur-euse-s et des syndicats en faveur d’un salaire minimum de 117 € par mois)
• maintenir leurs volumes d’achat au Cambodge même après l’augmentation du salaire minimum