février 2017
Nous avons questionné les 3 marques ciblées par notre campagne, Nike, Adidas et Puma, sur la compatibilité entre un modèle économique résolument tourné vers la performance financière et la mise en oeuvre d’un salaire vital pour les ouvriers des chaînes d’approvisionnement.
Voici leurs réponses – et la nôtre.
– ADIDAS est la seule entreprise qui ait accepté de dialoguer avec nous.
– NIKE a envoyé une réponse écrite.
– PUMA a envoyé une réponse écrite….via son agence de communication.
– Les 3 marques ont adressé une réponse écrite à l’organisation Business et Human Rights, qui les a questionnés sur les informations révélées dans notre rapport. Elles sont publiées sur son site.
Notre réponse à Adidas est bien plus détaillée que celles adressées à Nike, et à Puma – cela ne signifie pas qu’Adidas ait une politique plus répréhensible, mais que c’est la seule qui ait accepté un échange approfondi avec le Collectif, permettant des débats argumentés. En ce sens, nous reconnaissons à Adidas une ouverture et probablement une prise en compte plus concrète de la question des conditions de travail et des salaires le long de sa chaîne d’approvisionnement que Nike, et, loin derrière, Puma.
Les réponses des 3 équipementiers sportifs
Ni Adidas, ni Nike, ni Puma ne nous ont transmis d’informations étayées ou de données chiffrées sur la réalité des salaires dans les usines qui fabriquent leurs produits, de la présence de syndicats, qui demeurent aujourd’hui le contrôle, interne, le plus efficace pour s’assurer de salaires et conditions de travail conformes aux aspirations et aux droits des travailleurs, ou encore sur les mesures concrètes mises en oeuvre pour répondre à la demande bien légitime de considérer comme mesure de base un salaire vital, et non les salaires minimum légaux, insuffisants pour permettre une vie digne.
La bonne foi et les discours ne suffisent pas. Nous serons heureux de communiquer sur une progression tangible des conditions de travail, et de salaires, de ceux qui, quotidiennement, contribuent par leur travail à la croissance économiques de groupes et d’apporter une preuve qu’un commerce mondial respectueux des droits des travailleurs est possible.
Le Collectif Éthique sur l’étiquette répond à Nike, à Adidas et à Puma, et à toutes les marques du secteur, que cela fait 20 ans qu’il défend les droits humains au travail, avec son réseau international Clean Clothes Campaign et ses alliés dans de nombreux pays, 20 ans qu’il ne constate pas d’amélioration drastique de leurs conditions de vie et de travail, de leurs salaires et de leur niveau de vie. Il constate en outre que les améliorations observées, ou l’absence de dégradation, n’ont pas été le fait de politiques de responsabilité volontaires ni de l’évolution des pratiques économiques des multinationales de l’habillement, du sportswear et de la distribution, mais bien celui de la pression citoyenne, du plaidoyer des ONG internationales, et en premier lieu des travailleurs eux-mêmes, qui risquent leur travail et parfois leur vie pour défendre les droits qui, nous le rappelons, sont garantis par les conventions internationales. Parfois, l’actualité et les drames comme celui du Rana Plaza ont malheureusement contribué à un sursaut.
Il constate que, 20 ans après les initiatives volontaires de responsabilité sociale, sans l’établissement d’obligation, de lois contraignantes assorties de mesures de sanction, les multinationales ne rendent pas seules compatibles la recherche du profit et la poursuite de l’intérêt général. C’est la raison pour laquelle le Collectif et ses alliés travaillent depuis plusieurs années à la mise en œuvre d’une législation contraignante sur le devoir de vigilance, qui devrait aboutir en France dans les prochaines semaines, et devrait constituer un premier pas vers la fin de l’impunité dont bénéficient aujourd’hui les acteurs économiques dans la mondialisation.