Dans ce contexte très politique, mieux vaut s’engager pour la planète que sur les droits de l’homme. Plus encore pour SMCP dont le principal actionnaire, Shandong Ruyi, est un groupe chinois proche du pouvoir. "Sandro veille à s’approvisionner de manière responsable et éthique, conformément aux plus hautes normes internationales du travail en vigueur", affirme cependant l’entreprise. "La Chine n’est pas signataire des principales conventions de l’Organisation internationale du travail", rétorque Nayla Ajaltouni, de l’ONG Ethique sur l’étiquette, à la pointe du combat contre les multinationales qui "diluent les responsabilités".
La mode durable doit être aussi éthique
Comment, en effet, garantir la traçabilité d’un vêtement, depuis le champ de coton jusqu’aux usines de confection en passant par les filatures? Surtout quand des centaines de fournisseurs interviennent dans la chaîne de fabrication. D’où l’idée de FashionCube, qui regroupe sept enseignes d’habillement de la famille Mulliez, de réduire massivement ses sous-traitants pour mieux les contrôler. "Nous vivons un tsunami avec une montée de l’hostilité des pouvoirs publics et des consommateurs qui considèrent notre industrie comme trop polluante", expliquait son PDG, Jean-Christophe Garbino, lors de la présentation en 2019 du nouveau modèle économique de la chaîne textile Jules, baptisé "Men in progress".
Une usine de jeans dans le Nord de la France
Un stratégie responsable réaffirmée par la marque le 12 avril, jour de la saint Jules, lors d'une campagne publicitaire: "Jules s’engage pour une mode qui fait sens, qui dit stop à la surproduction, qui privilégie la qualité, qui utilise des matières recyclées", listait l'enseigne. Pas un mot, en revanche, sur les sites de production qui fabriquent ses tee-shirts vendus pour quelques euros. Dans quelques jours, cependant, Jean-Christophe Garbino doit annoncer l’ouverture d’une usine de 80 salariés près de Lille, qui fournira des jeans made in France aux chaînes de vêtement Jules, Pimkie ou Grain de Malice. Une relocalisation hautement symbolique dans une région où l'industrie textile employait 170.000 personnes il y a un demi-siècle.