par Jacques Pulh Délégué du CCFD-Terre Solidaire à ESE
À l’heure où nous fêtions la nouvelle année une information terrifiante était diffusée sur les ondes (et encore pas toutes…) : le 3 janvier, des manifestations légitimes des ouvrières et ouvriers du textile faisaient, selon les ONGs au moins 4 morts à Phnom Penh (Cambodge).
4 morts pour revendiquer un droit : celui d’avoir un salaire vital de 160 € par mois alors qu’il n’est aujourd’hui que de 80 €.
À la même période j’apprenais par la presse syndicale un autre scandale social… au Royaume Uni : le recours massif aux contrats « zéro heure » contraignant des milliers de salariés à une situation d’astreinte permanente sans aucune garantie de salaire minimum, très loin d’un salaire vital !
De même en République Tchèque le recours aux CDD était assoupli : leur durée de neuf mois maximum est désormais abrogée. La précarité, avec à la clé un revenu incertain, est renforcée.
En France nous n’y échappons pas même si récemment le recours aux CDD a été davantage réglementé pour éviter des abus. C’est un moindre mal ! Mais il y a encore trop de travailleurs pauvres…loin de percevoir un salaire vital…
Sans faire de comparaison déplacée, force est de constater que nous sommes bien dans un système qui marche sur la tête ; certes les conséquences ne sont pas comparables entre le sort des travailleurs cambodgiens et celui des demandeurs d’emplois britanniques, tchèques ou français, mais tous sont victimes d’une même logique : si le profit est légitime encore faut-il qu’il soit réparti de façon équitable et juste. Nous ne sommes pas dans le registre de la compassion ou de la charité ; il s’agit que les droits des travailleurs soient respectés : meilleurs conditions de travail, salaire vital, droit d’organisation et de négociation collective. J’en appelle aux dirigeants économiques, entrepreneurs, responsables politiques, pour qu’ils mettent tout en œuvre pour faire respecter ces droits fondamentaux. Il serait navrant qu’ils persistent dans leur idéologie ultra libérale destructrice. Ils seraient dignes d’y renoncer, au risque, le cas échéant, de contraindre les travailleurs à des révoltes légitimes aux conséquences inhumaines.
C’est tout le sens de l’engagement du Collectif Éthique sur l’étiquette : les conditions d’une vie digne ne sont pas négociables.
Janvier 2014