Communiqué de presse - 28 septembre 2016
Les conditions de travail dans les usines cambodgiennes qui fournissent H&M sont loin d’être décentes même chez les fournisseurs évalués comme étant ”les premiers de la classe” par l’enseigne elle-même*. C’est la conclusion du rapport réalisé par l’ONG cambodgienne Center Alliance of Labor & Human Rights (CENTRAL) et le représentant de la Clean Clothes Campaign en Norvège Future In Our Hands. Le rapport « When « best » is far from good enough » (« Quand le « meilleur » est loin d’être suffisant ») est basé sur des interviews d’ouvriers qui témoignent des violations de leurs droits chez les principaux fournisseurs d’H&M au Cambodge.
Le rapport, qui porte sur trois fournisseurs qu’H&M a classé « platine » et sur un fournisseur classé « or », révèle que l’enseigne ne respecte même pas ses propres recommandations en ce qui concerne les contrats de travail et la liberté syndicale. Alors qu’H&M s’est engagé à tendre vers un salaire vital, les recherches montrent que ce dernier est loin d’être atteint. Les travailleurs rapportent l’imposition de retenues sur les salaires pour quelques minutes de retard, un non-respect des congés maladies, des restrictions sur les temps de pause et des évanouissements. ->]
Des engagements pour un salaire vital non respectés
Malgré le développement par H&M de la « Fair Wage Method » pour atteindre un salaire juste, initié en 2013 et étendu auprès de 20 fournisseurs stratégiques au Cambodge, la moyenne des salaires mensuels chez ses fournisseurs « platine », hors heures supplémentaires, est de 172,51 dollars, soit en-deçà du salaire médian du secteur qui est de 178 dollars par mois. Les travailleurs de ces usines gagnent parfois même moins que d’autres qui fabriquent les vêtements pour d’autres enseignes.
En 2015, une baisse des commandes chez le fournisseur M&V, classé « or » par l’enseigne, a entraîné une chute des salaires à 136 dollars par mois, soit en deçà du salaire minimum du secteur de 140 dollars.
Des contrats à court terme et un manque de syndicats indépendants
Chez trois des quatre fournisseurs sur lesquels ont porté les recherches, les travailleurs étaient employés en contrats à court terme de 2 à 6 mois, les maintenant dans une situation précaire. Bien que selon la loi cambodgienne, deux ans dans la même usine donne le droit aux ouvriers à un contrat à durée indéterminée, plusieurs d’entre eux en ont été privés. Les ouvriers dénoncent l’absence de syndicats indépendants et de liberté syndicale. Ils ont peur d’être discriminés ou forcés de démissionner si ils essayent de former un syndicat comme cela a été le cas pour certains syndicalistes dont la direction a réduit les salaires.
Le Collectif Ethique sur l’étiquette et les membres du réseau Clean Clothes Campaign rappellent à H&M que pour garantir des conditions de travail décentes, l’enseigne commencer par tenir ses propres engagements en matière de responsabilité sociale et prendre les mesures nécessaires pour de meilleures pratiques d’achat chez l’ensemble de ses fournisseurs cambodgiens.
* H&M a établi une liste de ses fournisseurs classés en 3 catégories - argent/or/platine - selon ses propres critères de responsabilité sociale et de transparence