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Catastrophe du Rana Plaza: non-lieu dans une enquête contre Auchan

Auchan ne sera pas poursuivi. Trois associations avaient porté plainte contre l'entreprise pour "pratiques commerciales trompeuses" après l'effondrement de l'usine textile Rana Plaza au Bangladesh en 2013. Des vêtements de la marque avaient été retrouvés sur place.

La justice a prononcé fin avril un non-lieu dans une enquête contre Auchan, accusé par trois associations de "pratiques commerciales trompeuses", après l'effondrement en 2013 d'un immeuble d'ateliers de confection au Bangladesh, le Rana Plaza, qui avait fait plus de 1100 morts, a indiqué jeudi le parquet de Lille.

Ce non-lieu date du 27 avril, a précisé le parquet, ajoutant que les associations avaient fait appel de cette décision le 5 mai. Ces associations (Sherpa, Peuples Solidaires et Collectif Éthique sur l'étiquette) avaient déposé une plainte contre Auchan en 2015 après la découverte de vêtements d'une marque du groupe "dans les décombres" du bâtiment, ont-elle expliqué dans un communiqué.

Aucune enquête au Bangladesh

Elles estiment que "les engagements éthiques d'Auchan", par lesquels le groupe "se targuait de faire respecter les droits des travailleurs et travailleuses sur l'intégralité de sa chaîne de valeur" constituent par conséquent des "pratiques commerciales trompeuses".

Les associations regrettent "qu'aucune enquête" n'ait pu "être effectuée au Bangladesh" en dépit d'une commission rogatoire internationale transmise par le juge d'instruction du tribunal de grande instance de Lille.

"Cette affaire, qui dure depuis huit ans désormais, témoigne d'une situation systémique, celle de l'impunité dont continuent de bénéficier les multinationales dans la mondialisation économique", a réagi Nayla Ajaltouni, déléguée générale du collectif Éthique sur l'étiquette.

Auchan dénonce une "sous-traitance sauvage a son insu"

Auchan "prend acte avec satisfaction" de ce non-lieu, a indiqué un porte-parole du distributeur, qui appartient à la galaxie Mulliez.

Le groupe "n'a jamais eu de fournisseur dans le Rana Plaza" et a été victime "d'une sous-traitance sauvage a son insu", a-t-il ajouté. "Après enquête interne", les fournisseurs concernés "ont été déréférencés".

Dans ses motivations, le juge d'instruction pointe un manque de preuve, l'enquête n'ayant permis "de corroborer ni la réalité de cette sous-traitance sauvage", ni "la connaissance par Auchan de cette situation en contradiction avec ses engagements".

L'effondrement du Rana Plaza, situé à Dacca, au Bangladesh, avait provoqué la mort de 1138 ouvriers textiles et blessé plus de 2000 autres. Cette catastrophe avait mis en lumière les conditions de sécurité déplorables dans les ateliers.

Après la tragédie, ONG et syndicats avaient dénoncé l'attitude de 29 chaînes de distribution, dont Auchan, soupçonnées d'avoir sous-traité leur production à un moment ou à un autre au Rana Plaza. Le procès du Rana Plaza, pour meurtre, a repris en février dernier au Bangladesh après plus de cinq ans d'interruption.

P.D. avec AFP