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Coronavirus : ces entreprises qui évitent le chômage partiel

Devant une boutique Chanel, à Paris, en 2013. (photo d'illustration)
Devant une boutique Chanel, à Paris, en 2013. (photo d'illustration) © Francis Dean/Corbis via Getty Images
Adrien Gaboulaud , Mis à jour le

Proclamant leur solidarité, certaines entreprises ont décidé de ne pas recourir au chômage partiel, alors qu'il permet la prise en charge d'une partie de la masse salariale par l'Etat pour faire face à la crise sanitaire liée au coronavirus.

Dons, production de masques... Face à la pandémie, la solidarité des entreprises trouve des expressions différentes. Certaines, qui ont les reins solides, ont décidé de communiquer sur leur refus de recourir au chômage partiel. Chanel l'a fait spectaculairement, publiant sur son site Internet un long communiqué dès la semaine dernière. «Face à la crise sanitaire et économique sans précédent qui frappe actuellement le monde, Chanel, en tant qu’entreprise responsable et citoyenne, a pris la décision, en accord avec les partenaires sociaux, de ne pas recourir au dispositif de chômage partiel en France», proclame ce texte. La prestigieuse maison promet de «maintenir à 100%» les salaires en France jusqu'au 8 mai prochain pour ses 8500 salariés.

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Autre pilier du secteur du luxe, Hermès assure cette semaine que «la solidité économique et financière de son modèle artisanal permet au groupe Hermès de faire face à l'impact de la crise de santé publique sans précédent». Evoquant «des réserves de cash suffisantes», l'entreprise promet de «maintenir le salaire de base de ses 15 500 employés dans le monde sans avoir recours à aucune aide gouvernementale proposées dans divers pays, notamment en France». Hermès réduit également son dividende, de 5 euros à 4,55 euros par action.

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Chez L'Oréal, on évoque dans un communiqué publié lundi le maintien de «la totalité des emplois» sans chômage partiel, «malgré l’arrêt partiel ou total d'activité de plusieurs catégories de personnel dans de nombreux domaines (forces de ventes et animation des magasins, baisses de commandes qui impacte les usines et les centrales d’expéditions etc.)». La firme paiera «100% de leur rémunération fixe à l’ensemble de ses collaborateurs en France -soit 13 400 personnes, dont plus de 3000 sont actuellement privées d’activité». L'Oréal «s’engage également à ne procéder à aucun report de charges sociales ou fiscales (cotisations, impôts etc.) durant cette période».

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La pression politique monte pour interdire le versement de dividendes

L'assureur Axa annonce également qu'il n'utilisera pas le chômage partiel ou les reports de charges proposés par le gouvernement. La banque Société Générale vante ses «engagements responsables» et garantit les salaires «de ses 140 000 collaborateurs partout dans le monde pendant la durée de la crise». Elle promet même d'aider les salariés en situation de garde d'enfants ou en arrêt maladie. Pas de chômage partiel, ni de reports de charges, donc : «L’objectif est de ne pas peser sur les comptes publics et de permettre à l’Etat Français de venir en aide aux entreprises qui en ont le plus besoin.» Le pétrolier Total tient le même discours.

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Orange n'en fait pas publicité, mais l'entreprise de télécoms ne recourt pour l'instant pas au chômage partiel. Les organisations syndicales ne veulent pas en entendre parler. «Les résultats financiers de l’entreprise en 2019 et sa situation économique globale permettent largement à l’entreprise de ne pas faire appel au chômage partiel», estime ainsi la CGT dans un communiqué, qui ajoute que «le P-DG d'Orange a écarté cette éventualité». La grande majorité des salariés de l'entreprise travaille, en télétravail ou sur le terrain pour les équipes essentielles au maintien des infrastructures. Ceux qui, comme les vendeurs en boutiques, sont privés d'activité, ont pu poser des congés ou, indique-t-on chez Orange, bénéficier d'autorisations d'absences rémunérées.

Hors du CAC 40, d'autres se mobilisent. Pepsico France, qui s'abstient désormais de communiquer, a décidé de ne pas recourir non plus au chômage partiel, ainsi qu'en témoigne un message publié sur le réseau social Linkedin par un des responsables de l'entreprise. «Nous assurerons 100% des salaires de nos collaborateurs durant cette période d'arrêt notamment pour nos forces de vente qui se consacrent à préparer une reprise au plus proche de nos clients», écrivait samedi dernier Thomas Decroix, directeur commercial.

Les gestes de solidarité des grands groupes s'inscrivent dans un contexte de pression politique accrue. Alors que le gouvernement a promis des aides massives aux entreprises, certains exigent des contreparties. Les députés socialistes ont par exemple présenté jeudi une proposition de loi visant à interdire pour l'année 2020 le versement de dividendes aux entreprises ayant bénéficié d'aides. Mercredi, un collectif de syndicats et d'ONG, a formulé une demande identique : «Nos organisations demandent la suspension immédiate du versement, par les entreprises, de dividendes, rachats d'actions et bonus aux P-DG, a fortiori quand elles ont bénéficié d'aide publique, le temps que durera cette crise», ont indiqué CGT, FSU, Solidaires, Attac, Greenpeace, Confédération paysanne, Oxfam France, Reclaim France, Sherpa, Amis de la Terre, Ethique sur l'étiquette, dans un communiqué commun. 

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Sur franceinfo jeudi matin, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a indiqué que 400 000 entreprises et 4 millions de salariés avaient recours au chômage partiel. «C'est une montée en puissance extrêmement forte. Ça veut dire qu'il y a un salarié sur cinq du secteur privé, entreprises ou associations, qui est au chômage partiel», a souligné la ministre.

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