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Publié le
25 déc. 2019
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7 minutes
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La blockchain est-elle l'outil miracle pour tracer l'origine des produits mode ?

Publié le
25 déc. 2019

vec A l’instar de l’intelligence artificielle placée au cœur de la fameuse "industrie 4.0", la blockchain pourrait jouer un rôle central dans l’aspiration de traçabilité et de transparence de la filière, et surtout de ses clients finaux. Après avoir abordé les horizons possibles de la "chaîne de blocs" sur les fronts de la lutte anti-contrefaçon, de la seconde main ou encore de la relation client, FashionNetwork.com décortique les implications possibles de la blockchain, ce nouvel écosystème de transmission d’informations qui peut être public, privé, ou réunir les acteurs d’un secteur souhaitant collaborer.


Shutterstock


La question est de taille et a rapidement été prise au sérieux par le secteur industriel de nombreux pays. L’un des exemples les plus évidents est la France, dont les ministres de l’Economie, Bruno Lemaire et et de la Culture, Frank Riester, signaient en janvier un contrat stratégique pour la filière mode et luxe. Contrat dont le cinquième axe structurant comprenait, à horizon 2020, une "cartographie des données significatives et l'élaboration de protocoles blockchain pertinents testés auprès d’un panel d’entreprises volontaires de la filière". Sans oublier la "finalisation des outils pour le traitement des données et la remontée automatique des informations d’origine (marquage des produits et relecture automatique des données, ndlr). Un point du contrat de filière piloté par l'UIT et la FFTM, soutenu par plusieurs autres acteurs du secteur*.

Géant international du secteur textile pris en exemple dans ce contrat stratégique, le groupe Chargeurs a lui-même très tôt vu les bénéfices à tirer de la blockchain en termes de qualité des matières et de traçabilité de l’approvisionnement. A ainsi été mis sur pied une blockchain développée avec la société Crystalchain qui recense une information sécurisée et complète quant à la provenance de sa laine mérinos écoresponsable Nativa (ex-Organica). Avec, au bout de la chaîne de production, la possibilité donnée aux clients d’eux-mêmes remonter le fil de la production jusqu’aux sites d’élevage, en passant par le tricotage, le filage et le peignage. Détenue par Chargeurs, la marque Amédée Paris veut l'appliquer en généralisant dès 2020 sur ses produits la présence d’un QR Code permettant d’accéder aux données en un seul scan.

"Nous avons développé notre propre blockchain tout simplement parce que personne d’autre ne le faisait", explique à FashionNetwork.com Deborah Berger, directrice générale adjointe en charge du développement de Chargeurs Luxury Materials. "La chaîne est pour nous avant tout un outil de notarisation (certification des différentes étapes de l'évolution d'un document électronique, ndlr), l’objectif étant de donner au consommateur une vue d’ensemble. Le problème étant que la plupart des marques peinent à avoir une vue d’ensemble de leur production, du fait notamment du recours à des sous-traitants. Notre outil est une blockchain spécifiquement dédiée à Chargeurs, mais nous avons déjà été contactés par d’autres filières de fibres naturelles intéressées. On appelle de nos vœux l’émergence de plateformes, privées ou publiques, qui permettront peut-être une harmonisation progressive des protocoles, voire une mutualisation des investissements."

Une boîte à outils à plusieurs tiroirs qui laissent les ONG perplexes



Mais toutes les blockchains ne sont pas destinées à pousser la transparence jusqu’au consommateur. De par sa nature de boîte à outils modulable, le dispositif offre différentes possibilités tant en termes de périmètre (à l’échelle d’une marque, d’un réseau de clients, ou d’acteurs d’une filière...) que d’ouverture d’accès aux données (le niveau de détail des données pouvant être ajusté). D’où l’intérêt des grands groupes à rapidement créer leur propre blockchain et à y faire venir un maximum de marques extérieures, afin de tenter d’imposer à terme leurs standards en matières de données.


Shutterstock


Et c’est notamment ce qui nourrit un certain scepticisme des ONG, habituées aux engagements éthiques, face aux vertus annoncées des blockchains. Ainsi, pour le collectif Ethique sur l’étiquette, une solution technique comme la blockchain ne réglera pas un problème avant tout politique. "La blockchain va permettre de révéler de bonnes et de mauvaises pratiques", concède sa coordinatrice Nayla Ajaltouni. "Mais cela n’empêche pas que nous sommes toujours confrontés à beaucoup de greenwashing et de socialwashing (…) . Il faut donc de la coercition, des modèles de sanction."

Présidente de Nordcrea et fondatrice du HubMode, Annick Jehanne s’interroge pour sa part sur l’aspect quantitatif du procédé. "On évoque la quantité, mais quid de la qualité ?", s’interroge la professionnelle pour qui il va falloir attendre pour que les blockchains gagnent en puissance. "C’est un sujet encore très limité dans sa compréhension comme dans ses expérimentations, la filière textile travaillant davantage sur les questions d’usine 4.0 ou de robotique. Si les blockchains se multiplient, il y aura nécessairement des labels qui apparaîtront pour valider la fiabilité. Mais, en attendant se posera le problème de savoir comment cet outil va se décliner sur l’ensemble de la filière, où tout le monde n’est pas en capacité d’absorber de nouveaux surcoûts."

"Complexifier la triche"



Pour Corinne Champagner Katz, spécialiste en propriété intellectuelle et consultante en intelligence économique, la technologie de la blockchain est effectivement à prendre avec prudence, notamment parce qu’elle reste soumise au facteur humain. "Tout va dépendre de ce que rechercheront les instigateurs de ces blockchains. Si cela doit valider l’origine d’un produit, la question est donc de savoir qui va valider quoi, car certains tenteront immanquablement de la faire mentir. Il faut donc s’interroger sur la réelle valeur ajoutée de la blockchain à l’égard de qui et de quoi", indique-t-elle. "Dans l’alimentaire, tout est tracé. C’est un facteur d’authenticité et de sécurité pour la clientèle. Dans le textile, l’enjeu est aussi sur la communication, car il y a la valeur ajoutée du savoir-faire."


Shutterstock


"La blockchain ne peut pas à elle seule changer les mentalités, elle va juste complexifier la triche", pointe de son côté Jonathan Behar, cofondateur avec Pierre Murasso de Blockchain Masterclass, qui forme les professionnels à la chaîne de blocs. "La blockchain est amenée à être un outil qui va permettre de détecter les choses, de mettre en évidence les erreurs et fausses affirmations, mais elle n’empêchera pas quelqu’un d’être malveillant. Cela armera juste mieux les donneurs d’ordre pour qu’ils éliminent progressivement de leurs listes de fournisseurs les partenaires les moins regardants, notamment sur les questions sociales ou environnementales."

Un moyen de limiter les abus et surfacturations ?



Les doutes que peut inspirer la blockchain quant à l’éventuelle utilisation frauduleuse par certains fournisseurs pourraient donc avoir pour corollaire la montée en puissance d'un outil nouveau pour repérer et lutter contre la sous-traitance sauvage, qui demeure l’un des grandes problématiques de l’industrie de l’habillement. Progressivement contraintes par les donneurs d’ordre à faire connaître et vérifier leurs données de production, les fabricants risqueraient en effet d’éveiller les soupçons, par exemple, en dépassant les capacités maximales de production au moment des pics de commandes. L’un des autres avantages pour les donneurs d’ordre serait de limiter certains ‘petits arrangements’ sur les facturations, certains fournisseurs exagérant parfois volontiers leurs coûts d’approvisionnement ou de transport afin de ménager leurs marges.

Une résistance à la blockchain est d’ores et déjà palpable chez certains industriels du textile, témoignent des donneurs d’ordres. Et cela qu’il s’agisse de sociétés européennes à fort savoir-faire ou de grands groupes chinois. "Nos clients savent que plus nous donnerons de données sur notre capacité de production ou notre capacité à négocier les prix des matières, plus ils seront armés pour tirer nos prix vers le bas", nous résumait ainsi en mars dernier le responsable des ventes d’un des principaux fabricants de la région d’Hangzhou, assez sceptique sur la réelle motivation de cette course à la transparence. "C’est comme si nous allions leur réclamer le détail de leurs taux de marge".

Préalable à la transparence vis-à-vis du consommateur, la transparence entre acteurs du secteur sera donc vraisemblablement le premier défi à relever avant de voir se multiplier les blockchains industrielles du textile.
 


*Le projet blockchain du contrat de filière est piloté par l’UIT (Union des industries textiles) et la FFTM (Fédération française de la tannerie mégisserie). Y participent également, entre autres, le Défi, Francéclat, la FEH (fédération des enseignes d’habillement) et les grands groupes de luxe. Est également impliqué le Centre technique du cuir (CTC), financé à hauteur de 200 000 euros pour son projet de marquage du cuir.

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