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H&M agite le débat sur les salaires des ouvriers du textile

H&M a présenté en novembre une feuille de route visant à garantir à terme des «salaires équitables» à tous les ouvriers du textile dans les pays où sont produits ses vêtements. Crédit photo: François Bouchon / Le Figaro

INFOGRAPHIE - Le géant suédois du prêt-à-porter a dévoilé un plan visant à augmenter le salaire de près de 850.000 ouvriers dans le monde d'ici à 2018 et n'exclut pas une hausse de ses prix de vente pour atteindre cet objectif.

H&M passe à la vitesse supérieure. Alors que les conditions de travail des ouvriers du textile, parmi les plus mal payés au monde, font à nouveau débat depuis l'effondrement meurtrier du Rana Plaza en avril dernier au Bangladesh, le géant suédois de la mode vient de s'engager à offrir un «salaire de subsistance» à 850.000 ouvriers dans le monde d'ici à 2018. «Nous pensons que l'évolution des salaires, motivée par les mesures prises par certains gouvernements, ne va pas assez vite, nous voulons donc prendre d'autres mesures et encourager l'ensemble du secteur à nous suivre sur cette voie», a déclaré le groupe à l'issue d'une conférence sur les salaires dans les chaînes d'approvisionnement internationales à Berlin le 25 novembre dernier.

En présentant la stratégie «Fair Living Wage» de l'enseigne, Helena Helmersson, directrice du développement durable de H&M, a par ailleurs jeté un pavé dans la mare, à l'heure où les marques de mode rivalisent de petits prix, en évoquant une possible hausse des prix de vente en magasin. «Cette augmentation est une piste parmi d'autres pour atteindre nos objectifs. Nous disposons d'autres marges de manoeuvre, notamment dans nos pratiques d'achats, moyens logistiques, choix des matières premières ou volumes», tempère-t-on toutefois chez H&M France.

Sur le terrain, les associations saluent ces annonces avec prudence. «Il est plus que temps qu'une marque comme H&M s'intéresse à la question du prix de vente, donc à celle des coûts de production et des salaires des ouvriers», se félicite Nayla Ajaltouni, coordinatrice du Collectif éthique sur l'étiquette, qui participe notamment à une campagne pour garantir un salaire vital aux ouvriers. «Cette prise de conscience montre que les appels incessants des associations et ONG suite au drame du Rana Plaza portent leurs fruits.» L'organisation Clean Clothes Campaign relativise toutefois la portée d'une hausse des prix en magasin sur l'épineuse question du salaire vital. «Pour un article d'habillement basique, comme un T-shirt, seuls 0,5 à 3% du prix final va dans la poche des salariés qui l'ont fabriqué», rappelle-t-elle. «Si, dans un scenario extrême, les salaires des ouvriers devaient doubler, la pièce serait vendue seulement quelques centimes de plus.» Concrètement, selon l'association, les multinationales devraient aller plus loin en «redéfinissant leur politique d'approvisionnement» et en «rognant sur leurs propres marges».

decomposition du prix d'un tshirt a 29 euros

Le Collectif éthique sur l'étiquette regrette en outre que H&M et les autres marques «ne définissent jamais un objectif de salaire décent», ce qui rend «l'évaluation de l'avancement de leurs démarches difficile». Un suivi d'autant plus complexe que «les marques ont tendance à créer leurs propres initiatives au lieu de se saisir des propositions faites par les associations et syndicats de travailleurs et à se réfugier derrière les standards salariaux des pays où sont situés les usines de leurs fournisseurs».

H&M, de son côté, assume sa «volonté» de ne pas chiffrer ses objectifs de salaires pour les travailleurs. «Ce n'est pas notre rôle mais celui des parties prenantes les premières concernées, à savoir les syndicats, fournisseurs, ouvriers et gouvernements», explique une porte-parole. Et d'ajouter: «Les usines dans ces pays travaillent pour plusieurs marques. Il nous est donc difficile d'agir seul». De même, Inditex (Zara, Massimo Dutti, Pull and Bear, etc.) s'en remet à ses intermédiaires locaux. «Notre code de conduite, qui doit être suivi par tous nos fournisseurs à travers le monde, inclut des dispositions spécifiques sur la question des salaires des travailleurs», explique-t-on au siège du groupe espagnol, qui assure avoir mené plus de 3500 audits de contrôle des bonnes pratiques de ses fournisseurs l'an dernier.

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