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Les sponsors rejouent le classico du dumping social

Afin de mettre en valeur leur marque pendant l’Euro, les grands équipementiers jouent le moins-disant social. Aux millions d’euros proposés aux joueurs phares, s’opposent les maigres salaires des ouvriers asiatiques.

D’un côté les stars du football, les paillettes et les contrats qui se chiffrent en dizaines de millions d’euros, de l’autre les esclaves modernes, qui, à l’ombre des lignes de machines à coudre, confectionnent chaussures et maillots pour une centaine d’euros tout au plus. À la faveur de l’Euro, le collectif Éthique sur l’étiquette s’est intéressé à la manière dont les grands équipementiers, Nike, Adidas ou Puma, afin de mettre en valeur leur marque et sponsoriser les équipes nationales, favorisent le moins-disant social de l’autre côté de la planète. À eux seuls, Adidas et Nike chaussent 93 % des 552 joueurs de la compétition. La concurrence est rude afin de voir les footballeurs vedettes arborer leur logo sur le terrain, les joueurs étant libres de choisir leur marque dans ce domaine. La lutte entre les marques fut ainsi acharnée pour s’arracher les faveurs de Paul Pogba, qui, en février dernier, n’était toujours pas sous contrat. Adidas a réussi à décrocher la star montante tricolore au prix d’un contrat démesuré de 40 millions d’euros sur dix ans. Du côté de Nike, la mise en valeur de ses produits par le capitaine du Portugal Cristiano Ronaldo a été estimée à 19 millions d’euros annuels.

Des conditions de travail déplorables

Ce modèle économique repose sur « la recherche de la performance à outrance au détriment des salaires », explique Éthique sur l’étiquette dans son rapport « Anti-jeu ». Alors qu’un maillot de football est vendu 85 euros en magasin, l’ouvrier n’a coûté, lui, que 65 centimes. Ainsi, les déclarations sur la « responsabilité sociale » de ces entreprises restent lettre morte. Au Cambodge, tout le monde se souvient du plafond de cette usine de fabrication de chaussures du sud du pays qui s’est effondré en mai 2013. Au Bangladesh, le drame du Rana Plaza, la même année, avait provoqué la mort de 1 135 ouvriers. Ces drames jetaient alors une lumière crue sur les conditions de travail déplorables dans ces fabriques de la misère, sous-traitantes de grandes marques européennes et américaines.

Dans leur course au profit, nombre de ces entreprises ont quitté le sud de la Chine à la suite des augmentations de salaire, pour s’installer au Cambodge, au Vietnam et plus récemment en ­Birmanie, cherchant là des ouvriers toujours plus corvéables. En Chine, le salaire moyen d’un ouvrier a augmenté de 12 % en 2012, puis de 10 % les deux années suivantes. Et, en 2014, de grandes grèves pour l’amélioration des conditions de travail avaient secoué les usines de Nike et Adidas. Insupportable pour cette dernière, qui prévoit de faire tomber, d’ici à 2020, la part de ses tee-shirts fabriqués en Chine de 33 % à 12 %. Au total, Adidas fait travailler environ 400 000 salariés en Chine, au Vietnam et en Indonésie. Au Cambodge et au Bangladesh, les ouvriers du textile doivent en outre faire face à une sanglante répression lorsqu’ils osent revendiquer des hausses de salaire. Sous la pression citoyenne, et face à des grèves qui menaçaient les commandes, les groupes textiles ont demandé une hausse graduelle du salaire minimum. Or nombre de députés bangladais sont propriétaires d’usines et préfèrent sauvegarder un environnement « favorable » aux investissements étrangers plutôt que de consentir à des augmentations ou à des travaux qui ralentiraient la production sous pression constante des délais imposés par les marques occidentales.

Pour la mise en place d’un salaire correspondant aux besoins vitaux

Les associations avancent pourtant l’idée d’un salaire vital. Le concept va plus loin que le revenu minimum puisqu’il entend que le salaire « doit au minimum correspondre au salaire minimum légal ou pratiqué dans un secteur donné, et doit toujours suffire au travailleur à subvenir à ses besoins élémentaires (logement, alimentation, santé, éducation – NDLR) et à ceux de sa famille, tout en lui laissant une part de revenu discrétionnaire », explique le réseau international Clean Clothes Campaign. Selon les calculs d’Asia Floor Wage, qui regroupe des syndicats, des ONG et des chercheurs de dix-huit pays asiatiques, le salaire vital pour le Cambodge devrait s’élever à 285,83 euros. À titre d’exemple, le contrat de Cristiano Ronaldo permettrait à 19 500 ouvriers vietnamiens de percevoir ce salaire vital pendant un an. 


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