Collectif Éthique sur l’étiquette

Devoir de vigilance : un sondage révèle le soutien massif de l’opinion publique européenne pour mettre fin à l’impunité des multinationales

Communiqué de presse - 18 octobre 2021

ActionAid France-Peuple Solidaires, les Amis de la Terre France, Amnesty International France, le CCFD Terre Solidaire, le Collectif Ethique sur l’étiquette, Notre Affaire à Tous, Sherpa

Plus de 80 % des citoyen·nes européen·nes souhaitent des législations ambitieuses afin de tenir les entreprises juridiquement responsables de violations des droits humains et les atteintes à l’environnement qu’elles commettent, notamment à l’étranger. Selon un sondage YouGov publié aujourd’hui, les citoyen.nes européen.nes estiment également que les personnes affectées par de telles violations doivent pouvoir poursuivre les entreprises responsables devant les tribunaux européens.

Ces résultats issus de neuf Etats de l’Union Européenne (UE) surviennent alors que la Commission européenne s’apprête à publier une proposition de directive sur le devoir de vigilance en matière de droits humains et d’environnement. Celle-cis’appliquerait aux activités des filiales, fournisseurs et sous-traitants des entreprises opérant dans l’UE [1]. La publication de ce sondage intervient également dix jours avant une nouvelle session de négociation à l’ONU autour du projet de traité sur les multinationales et les droits humains.

Le sondage révèle un soutien très majoritaire des citoyen.nes au sein des neuf États de l’UE interrogés, parmi lesquels l’Allemagne, la France, la République tchèque et la Slovénie.

En France, les résultats de ce sondage sont particulièrement éloquents [2] :

 85 % des citoyen·nes sont favorables à ce que les entreprises soient légalement tenues de s’assurer qu’elles ne sont pas impliquées dans des violations des droits humains, telles que le travail forcé ou l’accaparement de terres.

 85 % sont favorables à ce que les entreprises soient légalement tenues de s’assurer qu’elles ne contribuent pas à des dommages environnementaux - tels que la pollution de l’air ou la destruction de la biodiversité -, y compris en dehors de l’UE.

 84 % sont favorables à ce que que la responsabilité juridique des entreprises soit engagée lorsqu’elles causent ou contribuent à des violations de droits humains et à des crimes environnementaux de par le monde.

 après avoir pris connaissance d’exemples d’atteintes aux droits humains et environnementaux en dehors de l’Union européenne, 82 % des personnes interrogées estiment que les victimes de violations en dehors de l’UE devraient pouvoir poursuivre les entreprises impliquées en justice dans les pays européens où ces dernières sont basées.

Nos organisations de défense des droits humains et de l’environnement ont fait des recommandations concrètes pour renforcer les législations en cours de négociation au niveau européen et onusien, afin de mettre fin à l’impunité des multinationales et d’améliorer l’accès à la justice des populations et des travailleur.ses affecté.es [3]. Alors que les violations des droits humains perdurent et que les menaces à celles et ceux qui osent s’opposer au pouvoir des multinationales se multiplient, il y a urgence à agir.

En début d’année, un demi-million de citoyen.nes et plus de 200 organisations ont appelé l’UE à adopter une législation ambitieuse [4]. Le sondage publié aujourd’hui est un nouveau message fort des citoyen.nes aux gouvernements et aux institutions européennes. Ils ne doivent pas céder aux lobbies économiques qui cherchent activement à affaiblir ce nouveau projet de directive et le projet de traité onusien et d’échapper à leurs responsabilités [5].

CONTACTS PRESSE :
Nayla Ajaltouni, Collectif Ethique sur l’étiquette : n.ajaltouni@ethique-sur-etiquette.org
Juliette Renaud, Amis de la Terre France : juliette.renaud@amisdelaterre.org / +33 6 37 65 56 40
Sophie Rebours, CCFD-Terre Solidaire, s.rebours@ccfd-terresolidaire.org / +33 7 61 37 38 65
Justine Ripoll, Notre Affaire à Tous : justine.ripoll@notreaffaireatous.org / + 33 6 42 21 37 36.
Jill McArdle, Amis de la Terre Europe : jill.mcardle@foeeurope.org / (+32) (0)484904404
Claudia Saller, European coalition for corporate justice (ECCJ) : claudia.saller@corporatejustice.org / +32 484 05 52 90
Véronique Tardivel, Amnesty International France : vtardivel@amnesty.fr / +33 6 76 94 37 05

[1] Commission européenne : Feuille de route de la « gouvernance durable des entreprises ».

[2] Tous les chiffres, sauf indication contraire, proviennent de YouGov Plc. La taille totale de l’échantillon était de 16906 adultes. Le sondage a été effectué entre le 14 et le 29 septembre 2021, en ligne dans les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Irlande, Pays-Bas, République tchèque et Slovénie. Les chiffres ont été pondérés et sont représentatifs de tous les adultes (âgés de 18 ans et plus) des pays concernés.

Une analyse complète et détaillée des questions et réponses est disponible ici : https://friendsoftheearth.eu/yougov-corporate-accountability-polling-eu-summary/

Des infographies gratuites sont disponibles ici : https://cloud.foeeurope.org/index.php/s/eWA5SfzsqYYTwKp

Ce sondage a été commandité par les organisations suivantes : AK EUROPA, les Amis de la Terre Europe, l’European Coalition for Corporate Justice (ECCJ), Global Witness et SumOfUs.
Il est relayé en France par ActionAid France-Peuple Solidaires, les Amis de la Terre France, Amnesty International France, le CCFD Terre Solidaire, le collectif Ethique sur l’étiquette, Notre Affaire à Tous et Sherpa.

[3] Voir le document de recommandations des organisations de la société civile française, ainsi que le rapport de la coalition européenne ECCJ Suing Goliath (2021).

[4] Voir le communiqué de presse “Over half a million people tell the EU to hold business accountable”, février 2021.

[5] Voir le rapport Tirées d’affaire ? Le lobbying des multinationales contre une législation européenne sur le devoir de vigilance (2021) ; ainsi que le rapport Impunité made in Europe - Les liaisons dangereuses de l’UE et des lobbies contre le traité ONU sur les multinationales (2018).