Le 24 avril dernier, l’immeuble du Rana Plaza s’effondrait au Bangladesh, faisant 1 133 mort-e-s et plus de 2 000 blessé-e-s. Les victimes fabriquaient des vêtements pour des marques et enseignes occidentales dont Auchan. Pourtant, contrairement à d’autres entreprises, le géant français refuse de participer à l’indemnisation des familles affectées.
Signez cet Appel Urgent pour envoyer immédiatement un message de protestation à Auchan !
« Je ne sais pas si je pourrai subvenir aux besoins de mon bébé. Je n’ai reçu aucune indemnisation. Cela fait 5 mois que je ne peux pas payer mon loyer et les commerçants vont bientôt arrêter de me vendre des produits à crédit » raconte Naznin Akhter Nazma, une jeune ouvrière de 21 ans. Alors enceinte, Nazma avait réussi à s’extraire des décombres du Rana Plaza mais son mari, Jewel, n’a pas survécu à ses blessures.
Un accident de plus, un accident de trop
Unique par son ampleur, l’accident du Rana Plaza n’est pas un cas isolé. Sorties de secours bloquées ou inexistantes, installations électriques défectueuses, bâtiments inadaptés : au Bangladesh, 1 800 personnes ont trouvé la mort depuis 2005 dans des accidents liés à l’état déplorable des usines et à la négation des droits des travailleurs-ses.
Six mois après, les victimes attendent toujours
Après le drame du Rana Plaza, la pression médiatique et la mobilisation citoyenne (1) ont poussé plus de 100 marques à signer un Accord de prévention des incendies et de sécurité des bâtiments au Bangladesh. Réclamé de longue date par Peuples Solidaires – ActionAid France, le Collectif Ethique sur l’étiquette et leurs partenaires internationaux, cet accord vise à prévenir de nouveaux accidents. En revanche, hormis quelques aides d’urgence, les victimes du Rana Plaza et leurs familles n’ont reçu aucune indemnisation.
Auchan botte en touche…
Le géant français de la distribution a reconnu que des vêtements de sa marque In extenso avaient été produits au Rana Plaza mais se dit victime d’une « sous-traitance sauvage » et annonce un « plan de lutte contre la sous-traitance opaque »(2). Pour les ONG, il s’agit d’une mesure en trompe-l’œil car cette sous-traitance informelle et les violations qui en découlent sont aussi la conséquence… des pratiques d’achat abusives des supermarchés et des grandes marques. Auchan cherche-t-il ainsi à se dédouaner de sa responsabilité de donneur d’ordre initial ? Toujours est-il que depuis six mois, le distributeur ignore l’urgence dans laquelle se trouvent les victimes du Rana Plaza.
… et brille par son absence
Sous la présidence neutre de l’Organisation internationale du travail (OIT), des discussions sont en cours en vue de mettre rapidement sur pied un fonds d’indemnisation des victimes. Son montant est estimé à 54 millions d’euros dont 45%, soit environ 23 millions, à la charge des entreprises donneuses d’ordre du Rana Plaza. Celles-ci contribueront en fonction de leurs volumes de production estimés et de leur chiffre d’affaire. Des montants à mettre en perspective avec les bénéfices confortables que dégagent chaque année ces multinationales.
La marque française Camaïeu et huit autres enseignes européennes ont accepté de participer aux négociations ; Auchan y a brillé par son absence…
Malgré ses 60 milliards d’euros de chiffre d’affaire pour 2012, combien de temps le Groupe Auchan va-t-il persévérer dans son mépris des victimes du Rana Plaza ?