Communiqué de presse - 6 juillet 2018
Le Collectif Ethique sur l’etiquette apporte son soutien total à la demande des travailleurs de la confection au Bangladesh pour une augmentation du salaire minimum
A la veille de la réunion, attendue depuis de nombreux mois, du Comité national sur le salaire minimum au Bangladesh, qui se déroulera le 8 juillet prochain, le Collectif Ethique sur l’étiquette et la Clean Clothes Campaign expriment leur solidarité avec les travailleurs du textile du Bangladesh et leur soutien total à leurs revendications. Le Comité doit augmenter sans délai le salaire minimum à 16 000 takas (euros), comme le demandent les travailleurs et leurs représentants, et adopter les autres mesures réclamées par les travailleurs et leurs organisations.
Les travailleurs du Bangladesh sont parmi les moins bien payés de l’industrie du textile au monde. L’actuel salaire minimum de 5 300 takas – 53 euros, n’a pas été révisé depuis 2013, après l’effondrement du Rana Plaza et la pression politique qui a suivi, et se situe bien loin de toute estimation crédible d’un salaire vital.
Les travailleurs demandent l’élévation du salaire minimum, actuellement à un niveau de pauvreté, à 16 000 takas – soit environs 162 euros, un cadre statutaire réglementant les négociations salariales, ainsi que des mesures de protection sociale. Le Conseil pour le Bangladesh (ICB) de la fédération syndicale internationale IndustriAll a formellement soumis ces demandes, soutenues par une large coalition de syndicats, d’ONG et d’organisations de défense des droits humains au travail, au président du Comité bangladais sur le salaire minimum.
De nombreuses marches en soutien à ces demandes ont eu lieu ces derniers jours au Bangladesh, comme celle du 2 juillet, à l’initiative du Bangladesh Garment Workers Solidarity (BGWS). Jeudi 5 juillet, une autre manifestation a rassemblé la National Garment Workers Federation (NGWF), la Bangladesh Revolutionary Garments Workers Federation (BRGWF) et l’Akota Garment Workers Federation (AGWF), toutes membres du ICB, qui représentent plus de 100 syndicats.
Pour Amirul Haque Amin, président du NGWF : “Les propriétaires d’usines, le gouvernement et les donneurs d’ordre doivent considérer que la santé et la qualité de vie des travailleurs a une incidence sur la production. On ne peut attendre une production de vêtements de qualité lorsque les travailleurs souffrent de la faim, de problèmes de santé ou ne peuvent satisfaire leurs besoins fondamentaux.”
Depuis la mobilisation des syndicats pour cette demande concrète, de nombreux travailleurs et syndicalistes ont été, à nouveau, la cible d’une importante pression, qui s’est traduite par des arrestations et d’autres entraves à la liberté d’association. Ces faits font suite à l’importante vague de repression menée par les autorités bangladaises en décembre 2016 et en janvier 2017, lorsque des centaines de travailleurs et leaders syndicaux ont été détenus, blessés, inscrits sur des “listes noires”, pour avoir manifesté contre leurs conditions de travail et de salaires précaires.
Nous condamnons fermement cette répression et appelons le gouvernement du Bangladesh à respecter les droits fondamentaux des travailleurs.
Comme nous l’avons fait dans le courrier qui leur a été adressé, nous appelons également les principales marques et distributeurs se fournissant au Bangladesh à ouvrir la voie à la mise en oeuvre d’un salaire vital en :
H&M, Gap, Walmart, Tesco, Inditex, C&A, VF, Levi’s, Marks & Spencer, Primark, Next, Takko, Aldi, Lidl, American Eagle, Hugo Boss, Esprit, El Corte Ingles, Sainsburys, HBC, A&F, Kik, Carrefour, Li & Fung, et Benetton ont été destinataires de ce courrier. Certaines reconnaissent la nécessité d’augmenter les salaires au Bangladesh mais aucune n’a soutenu publiquement la revendication de 16 000 takas ni n’a engagé de mesures allant dans ce sens.
La lutte sur le salaire minimum au Cambodge a montré comme le soutien public des multinationales de l’habillement peuvent faire une différence cruciale. La lettre que 8 des principaux donneurs d’ordre ont envoyée au premier ministre cambodgien et à la fédération des employeurs, la BGMEA, a montré que leurs pratiques d’achat étaient un élément central de la mise en oeuvre d’un salaire vital. Elle doivent agir de la même manière au Bangladesh, pays central d’approvisionnement.
Les marques indiquent depuis des années être favorables au versement d’un salaire vital pour les travailleurs de leurs chaînes d’approvisionnement. Ces négociations leur offrent une opportunité de mettre en adéquation leurs déclarations et leurs pratiques.
Au-delà de l’augmentation du salaire minimum à 16 000 takas, les revendications concernent l’établissement d’une grille des salaires et des échelons, l’introduction de critères encadrant les promotions, une augmentation annuelle des salaires de 10%, une limitation de la période d’apprentissage à un maximum de trois mois et une augmentation du salaire des apprenti-e-s de 4 180 à 10 000 takas.
Le Collectif Ethique sur l’étiquette rappelle que recevoir un salaire permettant de subvenir à ses besoins fondamentaux et à ceux de sa famille, en l’occurence un salaire vital, est un droit fondamental de tout travailleur-euse, encadré par les textes internationaux.
Il rappelle qu’il incombe aux acteurs économiques mondialisés, en vertu de l’obligation de vigilance qui leur est reconnue par les textes internationaux, d’adopter des pratiques commerciales n’entravant pas ce droit fondamental, et les autres droits fondamentaux au travail garantis par les conventions internationales.
Contact Presse : Nayla Ajaltouni – n.ajaltouni@ethique-sur-etiquette.org
Notes :
>> Elements sur la répression gouvernementale de 2016 et 2017 après les manifestations des travailleurs pour une augmentation du salaire minimum
>> Notre demande pour une enquête de l’Union Européenne en vertu des conditions de l’accord commercial GSP