Zara, Uniqlo, Sandro… Une plainte accuse ces marques de « recel de travail forcé » des Ouïgours

Quatre multinationales de l’habillement sont accusées par des ONG de tirer profit du travail forcé imposé à la minorité musulmane des Ouïgours en Chine.

Manifestation devant un magasin Zara à Nantes, le 19 mars 2021.

Manifestation devant un magasin Zara à Nantes, le 19 mars 2021. ESTELLE RUIZ / HANS LUCAS VIA AFP

Les marques Zara, Uniqlo, Sandro ou Skechers, profitent-elles du travail forcé des Ouïghours en Chine ? Des ONG portent plainte en France contre quatre multinationales qu’elles accusent de « recel de travail forcé et de crimes contre l’humanité ».

Uniqlo France, mais aussi le groupe espagnol Inditex (qui détient les marques Zara et Bershka), SMCP et le chausseur de sport Skechers sont visés par une plainte collective déposée à Paris et dévoilée ce vendredi 9 avril dans un communiqué.

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Derrière cette procédure, l’association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l’Etiquette, l’Institut ouïgour d’Europe et une Ouïgoure ayant été internée dans la province du Xinjiang (nord-ouest de la Chine). De prochaines plaintes sont prévues en Europe.

Plusieurs pays évoquent un génocide

Cette procédure est une des nombreuses initiatives lancées dans le monde par les défenseurs des droits humains en faveur des Ouïgours. Le sort de cette minorité, principalement musulmane et qui représente près de la moitié des 25 millions d’habitants du Xinjiang, est l’objet d’une confrontation de plus en plus vive entre l’Occident et la Chine.

Plusieurs pays, dont les États-Unis, évoquent un « génocide » et des ONG accusent Pékin d’avoir interné depuis 2017 plus d’un million d’entre eux dans des centres de rééducation politique. Le régime communiste dément ce chiffre et assure qu’il s’agit de « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner les Ouïgours de l’islamisme et du séparatisme.

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Plusieurs entreprises de prêt-à-porter comme le japonais Uniqlo, le suédois H&M, l’américain Nike ou l’allemand Adidas se sont engagées l’an passé à boycotter le coton du Xinjiang, et sont en retour visées par des appels au boycott en Chine.

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Des marques qui ferment les yeux ?

La plainte, déposée en France par l’avocat William Bourdon, s’appuie principalement sur un rapport publié en mars 2020 par une ONG australienne. Le texte étaye les soupçons de vente de vêtements fabriqués dans des usines où des Ouïgours sont soumis au travail forcé.

Les associations estiment aussi que les sociétés visées ne s’assurent pas vraiment que leurs sous-traitants ne sont pas impliqués dans les persécutions des Ouïgours. Les plaignants suggèrent à la justice de qualifier ces faits de « recel de crime de génocide et de crime contre l’humanité ».

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Uniqlo, qui a pris position officiellement contre le travail forcé des Ouïgours, est notamment accusée de s’être fourni en textile dans la région et dans la province d’Anhui, où des milliers de travailleurs ouïgours ont été transférés, possiblement contraints. Et les chaussures de Skechers USA France ont été produites dans une usine du Guangdong, où travaillent des Ouïgours transférés potentiellement de force, selon les plaignants.

Les associations ont annoncé tenir une conférence de presse lundi à Paris, en présence de l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, récemment interdit d’entrée en Chine pour son engagement dans la cause.

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