Collectif Éthique sur l’étiquette

Travail forcé des Ouighours dans l’industrie mondialisée de l’habillement : l’urgence d’une directive européenne sur le devoir de vigilance

Conférence à la Maison des Métallos à Paris, le 8 octobre 2020

En août 2020, un rapport du think tank australien ASPI révélait au grand jour le travail forcé à grande échelle subi par la population ouïghoure en Chine : ce sont 1 à 2 millions d’entre eux qui sont réduits en esclavage dans des camps de travail forcé ou dans des entreprises chinoises, qui fournissent notamment des vêtements pour les plus grandes enseignes internationales d’habillement.

Après avoir lancé un Appel international aux enseignes à se retirer de la région autonome ouïghoure du Xingjiang, déposé plainte pour recel de crimes contre l’humanité contre 4 grandes multinationales, et en pleine mobilisation pour obtenir de la Commission européenne une proposition de directive établissant un devoir de vigilance qui doit permettre de rendre responsables les multinationales européennes, le Collectif Ethique sur l’étiquette a organisé, le 8 octobre 2020 à la Maison des Métallos à Paris une conférence intitulée « Le travail forcé des Ouïghours dans l’industrie mondialisée de l’habillement : l’urgence d’une directive européenne sur le devoir de vigilance », dans le but de peser encore davantage dans ces débats.

Avec :

  • Raphaël Gluckmann, essayiste, député européen (Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates)
  • Dilnur Reyhan, chercheuse, présidente de l’Institut Ouïghour d’Europe,

et la participation de Dominique Potier, député PS, rapporteur de la loi française sur le devoir de vigilance des multinationale de mars 2017.

La conférence (ci-dessous en replay) était animée par Nayla Ajaltouni, déléguée générale du collectif Ethique sur l’étiquette.

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Jeudi 8 octobre se tenait à Paris une conférence organisée par le collectif Ethique sur l’étiquette sur « Le travail forcé des ouïghours dans l’industrie mondialisée de l’habillement : l’urgence d’une directive européenne sur le devoir de vigilance ». Le titre est long tout comme le silence des Etats, du public, des médias sur la situation du peuple Ouïghour en Chine depuis trop longtemps.

Cette conférence animée par Nayla Ajaltouni, déléguée générale du collectif Ethique sur l’étiquette, réunissait des intervenants de haute qualité. Dilnur Reyhan, présidente de l’institut Ouïghours d’Europe, nous a informé de la situation insupportable du peuple Ouïghour, occupé et objet d’un génocide culturel et humain (stérilisation, entre 1 et 1,8 million enfermés dans des camps…). 80000 prisonniers ouïghours fournissent une main d’œuvre pour l’industrie textile.

Un rapport australien du think tank australien ASPI paru le 1er mars 2020 a révélé la généralisation du travail forcé des Ouïghours dans la région autonome ouïgour, a apporté des preuves supplémentaires de l’urgence à agir et a rendu public une liste de 83 entreprises qui tirent profit de manière directe ou indirecte de ce travail forcé.

Raphaël Glucksmann, député européen et essayiste, mobilisé contre la violation des droits fondamentaux du peuple ouïghour, est aussi très investi sur la mise en place d’une directive européenne sur le Devoir de vigilance, vice-président de la commission DROITS et rédacteur, à ce titre, d’un rapport pour avis sur le projet de directive. Il est venu témoigner du travail, long et complexe, au sein de l’Union européenne pour réguler les pratiques sociales et environnementales des entreprises et engager leur responsabilité dans la chaine de valeur.

Dominique Potier, député, présent dans la salle, co-initiateur et porteur de la loi sur le devoir de vigilance votée en France en mars 2017, a rappelé la longue bataille menée pendant 5 ans pour aboutir à cette loi. Toutes et tous, ont appelé à la nécessaire mobilisation des citoyens en direction des acteurs politiques, des entreprises transnationales (car ça va au-delà de celles citées), voire à la tribune et dans la salle, « Il faut aller vite pour qu’il ne soit pas trop tard ».

Une directive européenne sur le Devoir de vigilance offrira un cadre pour engager la responsabilité des entreprises et de leurs dirigeants devant la justice, permettra « d’enrayer les violations massives des droits humains fondamentaux et l’impunités des multinationales ». Un traité sur les multinationales et les droits humains est en discussion depuis 2014 (!) aux Nations unies.

Nous vous invitons très vivement à écouter (et voir) cette conférence. Il est aussi question de la « corruption mentale » d’hommes politiques, d’éthique, de Trump (en positif !), des impacts du système capitaliste mondialisé, de mobilisation citoyenne… assez instructif et passionnant.