Collectif Éthique sur l’étiquette

Les marques et distributeurs d’habillement doivent condamner le coup d’État et soutenir les travailleurs et les travailleuses du Myanmar

Déclaration conjointe de solidarité avec les travailleur·euse·s du Myanmar – mars 2021

Nous, les réseaux et organisations mondiaux soussignés, soutenons les syndicats, les mouvements de défense des droits au travail et la population du Myanmar qui condamnent le coup d’État militaire, appellent au rétablissement de la démocratie, au respect de l’état de droit et à la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées illégalement depuis le coup d’État.

Depuis le 1er février dernier, date du coup d’Etat, la population du Myanmar descend courageusement dans la rue pour des rassemblements, des grèves et des manifestations pour protester contre la prise du pouvoir par l’armée. Des travailleurs et des travailleurs de tous les secteurs économiques, y compris de nombreux ouvrier·e·s de l’habillement, prennent part aux manifestations et au Mouvement de Désobéissance Civile (CDM), pour exercer leurs droits fondamentaux à faire grève et à manifester. Des syndicats et des organisations de défense des droits humains du Myanmar et à l’international s’opposent au coup d’État militaire et appellent à la solidarité internationale dans la lutte pour le rétablissement de la démocratie.

Les multinationales de l’habillement s’approvisionnant au Myanmar doivent faire preuve de solidarité, et soutenir le CDM et les travailleurs et travailleuses qui se battent courageusement pour leurs droits et pour la démocratie au Myanmar.

Nous appelons tous les fabricants, marques et distributeurs d’habillement ayant des activités au Myanmar à :

  1. Condamner publiquement le coup d’État, appeler au rétablissement de la démocratie et de l’état de droit et soutenir les manifestations et le Mouvement de Désobéissance Civile ;
  2. Veiller à ce que leurs activités commerciales ne contribuent ou n’aggravent pas les violations des droits humains et à ce qu’elles n’aient pas de lien avec l’armée. Les marques et distributeurs doivent mettre en œuvre leur devoir de vigilance en matière de droits humains dans leurs relations avec leurs fournisseurs et l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement, afin de veiller à ce que ces principes soient respectés. Elles doivent continuer à identifier, documenter, traiter et réparer les atteintes aux droits humains dans le secteur de l’habillement au Myanmar
  3. Protéger et soutenir le mouvement de défense des droits humains au travail, notamment les fédérations syndicales, les syndicats au sein des usines, organisations de défenses des droits au travail et les travailleurs et travailleuses défendant la démocratie au Myanmar. Les marques et distributeurs doivent condamner l’annonce de l’armée déclarant les organisations de défense des droits au travail illégales et leur interdisant de poursuivre leurs activités. Ils doivent également exprimer ouvertement leur soutien à la liberté d’association et veiller à ce que leurs fournisseurs directs et indirects respectent ces principes ;
  4. Protéger et soutenir les travailleurs et travailleuses qui exercent leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression, dense rassembler pacifiquement, d’association et leur droit de grève. En conséquence :
    (a) Les entreprises d’habillement doivent veiller à ce qu’aucun travailleur ou travailleuse, représentant·e syndical ou membre de syndicat ne soit sanctionné ou soumis à des mesures disciplinaires pour avoir fait grève ou avoir participé à des manifestations.
    (b) Les travailleur·euse·s absents du travail pour des raisons de sécurité ou politiques ou parce qu’ils ont exercé leur droit de grève ou de manifestation ne doivent pas faire l’objet de sanctions ou de mesures disciplinaires.
    (c) Les entreprises d’habillement doivent veiller à la sécurité de l’emploi et au versement des salaires des travailleur·euse·s faisant grève ou manifestant, ainsi que de celles et ceux qui ne peuvent pas venir travailler pour des raisons de sécurité.
  5. Les marques et distributeurs, ainsi que les initiatives sectorielles, comme les initiatives multipartites ou les initiatives d’entreprises doivent sans attendre prendre des mesures pour répondre aux plaintes et aux alertes qu’ils reçoivent quant aux atteintes aux droits humains et aux droits au travail commises dans les usines dans lesquelles eux ou leurs membres s’approvisionnent. Dans ce contexte, les multinationales doivent travailler activement avec les syndicats et organisations de défense des droits au travail du Myanmar et internationaux ;
  6. Publier une liste à jour de tous leurs fournisseurs directs et indirects au Myanmar, comprenant notamment le nom, l’adresse, la société mère, le type de produit et le nombre de travailleur·euse·s, afin de faciliter l’identification des risques et la résolution des plaintes et des violations des droits humains.

Nous appelons les marques, distributeurs et fabricants d’habillement à rendre ces engagements publics et à les partager avec leurs fournisseurs directs et indirects au Myanmar et avec leurs partenaires commerciaux pertinents.

Nous demandons instamment aux initiatives d’entreprises des s’engager publiquement à mettre en œuvre ces recommandations, de les partager à leurs membres et de contrôler que ces derniers remplissent leurs obligations en matière de respect des droits humains fondamentaux.

SIGNATAIRE

Clean Clothes Campaign, réseau international de 237 ONG et syndicats actifs dans 45 pays, à travers 4 coalitions régionales.

AUTRES ORGANISATIONS SIGNATAIRES

Both ENDS

Solidarity Center

United Students Against Sweatshops (USAS)

We women Foundation

Déclaration conjointe du 1er mars 2021