Elle avait dénoncé les mauvaises conditions de travail dans cette usine
Suite à une importante campagne de pression internationale, Magliere Cristian Impex, l’une des plus importantes usine textile de Roumanie, a retiré la plainte qu’il avait déposée contre la journaliste roumaine d’investigation Laura Stefanut suite à la publication en février 2016 d’un de ses articles.
La journaliste y dénonçait les mauvaises conditions de travail, les bas salaires ou les heures supplémentaires impayées dans les usines roumaines et bulgares, et notamment dans Magliere.C.I, où 900 ouvriers fabriquent des vêtements pour Zara, Lacoste, Escada, Tommy Hilfiger, Massimo Dutti et de nombreuses autres marques internationales.
Dès la publication de son enquête, fondée sur le recueil des témoignages des ouvriers, Laura Stefanut a subi des intimidations et des pressions de la part de Magliere C.I, qui l’accusait d’avoir fait fuir les marques clientes, et lui réclamait la somme de 45 000 euros de dommages et intérêts pour la perte financière engendrée.
Alertées par la journaliste en juin 2016, la Clean Clothes Campaign, des organisations de défense des droits humains américaines et le Collectif Ethique sur l’étiquette en France, ont lancé une campagne internationale de pression : des lettres ont été envoyées aux marques clientes pour qu’elles exigent de leur fournisseur qu’il retire sa plainte contre la journaliste et s’assure du respect des droits fondamentaux des ouvriers de son usine, et l’action a été publiée. Cette pression a conduit le propriétaire à retirer aujourd’hui sa plainte.
Le travail des journalistes d’investigation est essentiel pour mettre au jour les conditions de travail et de vie d’ouvrières du textile qui n’osent prendre la parole publiquement, de peur des représailles par les patrons des usines qui les emploient. Les actions en justice menées contre eux sont des moyens honteux d’intimidation pour tenter de faire taire des voix qui osent dénoncer une réalité inacceptable.
Dans un témoignage publié en novembre 2016, Laura Stefanut indiquait : "si la pression exercée par les usines sur les journalistes est si forte, il faut s’imaginer celle à laquelle sont confrontés les ouvriers". "Durant toutes les années où j’ai enquêté auprès de publics vulnérables, je n’ai jamais vu de personnes aussi terrorisées par le fait de parler que dans l’industrie du textile."
Une nouvelle enquête menée par la journaliste a permis de montrer une certaine amélioration des conditions de travail dans l’usine de Magliere.C.I. suite à la dénonciation publique et cette action de solidarité internationale.
Ce type d’action est plus que jamais nécessaire, car dans l’esprit des consommateurs le "made in Europe"est souvent synonyme de bonnes conditions de travail en comparaison à d’autres pays producteurs en Asie. En Roumanie, en Bulgarie comme dans d’autre pays de l’Est, les ouvrières gagnent pourtant des salaires indécents, pour des horaires de travail harassants. D’où l’importance d’exiger des donneurs d’ordre internationaux de cesser la pression sur les coûts et les salaires quel que soit le pays dans lequel ils sous-traitent leur production.
Voir l’article publié par la Clean Clothes Campaign