Communiqué de presse - 5 décembre 2016
Une étude publiée par les organisations de défense des droits humains au travail, International Labor Rights Forum, Worker Rights Consortium, Maquila Solidarity Network et Clean Clothes Campaign - dont le Collectif Ethique sur l’étiquette est le membre français – révèle d’importants retards de réparations dans les usines qui fournissent les entreprises signataires de l’Alliance pour la sécurité des travailleurs au Bangladesh. Plus inquiétant, l’Alliance surestime les progrès realisés alors que beaucoup des usines listées comme étant “Sur les rails” présentent toujours des conditions dangereuses. Cela signifie que des centaines de milliers d’ouvriers qui fabriquent des vêtements pour Walmart, GAP, VF Corporation, Hudson’s Bay Company, et leurs filiales Asada, Galeria, Kaufhof et Galeria Inno, continuent à travailler dans des conditions dangereuses.
L’Alliance a été créée en 2013 suite à l’effondrement du Rana Plaza en avril de la même année, dans lequel 1138 ouvriers avaient perdu la vie. Elle a été créée par les multinationales qui ont refusé de signer l’Accord sur la sécurité des bâtiments et la prévention des incendies, transparent et juridiquement contraignant. L’Accord comme l’Alliance ont été créés pour une durée de cinq ans, avec pour objectif de résoudre la question des risques structurels et liés aux incendies et aux installations électriques dans les usines textiles au Bangladesh. Alors que l’Accord rassemble plusieurs parties prenantes avec une place importante accordée aux représentants des travailleurs et un haut degré de transparence, l’Alliance s’apparente aux mesures de responsabilité sociale mises en place avant l’effondrement du Rana Plaza : elle est pilotée par les entreprises elles-mêmes et propose un reporting sélectif et limité.
Contrairement à l’Accord, l’Alliance ne fournit pas d’informations détaillées sur les avancées des réparations. Les ouvriers ne disposent d’aucun système de contrôle pour déterminer le niveau de risque auquel ils sont exposés.
Pour vérifier la progression des réparations dans les usines de l’Alliance, les organisations de défense des droits humains au travail ont identifié 175 usines couvertes à la fois par l’Alliance et l’Accord, et en ont comparé les rapports d’inspections. Les rapports de l’Accord révèlent que plus de la moitié d’entre elles, inspectées il y a un plus d’un an et demi, n’ont toujours pas d’issues de secours et d’alarmes incendies aux normes ou présentent d’importants problèmes structurels. Beaucoup de ces usines sont pourtant listées comme étant “Sur les rails” par l’Alliance.
L’histoire de l’industrie du textile au Bangladesh est ponctuée d’une succession de drames, dont celui du Rana Plaza en avril 2013 a été le plus tragique et le plus mediatisé. Il a permis de créer l’Accord et conduit les multinationales qui refusaient de le signer à créer l’Alliance, leur propre dispositif non contraignant et non transparent. En surestimant les avancées et sans publier les rapports d’inspections détaillés, l’Alliance minimise l’importance des dangers qui persistent dans les usines bangladaises et rassure, sur la base de justifications infondées, les multinationales, les politiciens et les consommateurs.
Bien que la majorité des marques et enseignes de l’Alliance sont nord-américaines, les consommateurs européens sont concernés puisqu’un grand nombre d’entre elles sont très présentes en Europe, comme GAP, The North Face, Timberland, Vans, Eastpak, Jansport, Kipling, Lee ou Wrangler.
Pour éviter d’autres catastrophes, Le Collectif Ethique sur l’étiquette appelle ces donneurs d’ordre à mettre en oeuvre leur devoir de vigilance et à signer l’Accord, seule initiative contraignante et transparente, à même donc de garantir la sécurité des ouvriers qui fabriquent les vêtements dans les usines bangladaises.