Pendant de nombreuses années, Adidas s’est fourni dans l’usine indonésienne PT Kizone, où les travailleurs-ses gagnaient 0,60 dollars de l’heure. En janvier 2011, le propriétaire fuit le pays, entrainant la fermeture de l’usine et laissant 2 800 personnes sans emploi. Les victimes se tournent alors vers les multinationales dont ils fabriquaient les produits pour obtenir les indemnités auxquelles elles ont légalement droit. Un fonds d’indemnisation est créé auquel plusieurs marques acceptent de contribuer... mais pas Adidas, qui refuse d’y verser un seul centime ! Dans le même temps, la célèbre marque vient d’investir des centaines de millions d’euros comme sponsor des Jeux Olympiques de Londres…
En janvier 2011, le propriétaire de l’usine PT Kizone prend la fuite. Celle-ci ferme en avril 2011 et les salarié-e-s se retrouvent sans aucune ressource. L’entreprise ne leur a pas versé les 3,4 millions de dollars d’indemnités auxquelles ils avaient droit (1 200 dollars par personne en moyenne).
En juillet 2011, à la demande du syndicat local DPC SPSI TSK et de plusieurs ONG internationales, plusieurs marques clientes de l’usine PT Kizone annoncent qu’elles contribueront à hauteur de 1,6 millions de dollars à un fonds d’indemnisation des travailleurs-ses, soit près de la moitié des sommes dues. Mais un an après la fermeture de l’usine, il manque toujours 1,8 millions de dollars, auxquels s’ajoutent les intérêts. Or, bien que sollicité à maintes reprises, Adidas a toujours refusé de contribuer à ce fonds.
S’endetter pour survivre
Beaucoup des ancien-n-es employé-e-s se retrouvent contraint-e-s d’épuiser leurs économies, de s’endetter, voire de vendre leurs terres ou leurs maisons pour simplement survivre et envoyer leurs enfants à l’école.
« J’espère vraiment que je pourrai trouver suffisamment d’argent pour que mon fils puisse aller à l’école. Après 45 ans, c’est dur de trouver du travail, même avec des compétences » explique Tika, l’un des ex-salariés de PT Kizone.
Ayant achevé sa production dans l’usine en novembre 2010, soit quelques mois avant sa fermeture, Adidas affirme ne pas avoir de responsabilités envers les travailleurs-ses de PT Kizone. En réalité, les indemnités se cumulant sur la durée de leur contrat de travail, elles concernent également la période de production pour Adidas.
Adidas fuit devant ses responsabilités…
La marque affirme également ne pas devoir endosser la responsabilité des atteintes à la loi commises par son fournisseur. Pourtant, Adidas doit s’assurer de l’application de la législation locale, des conventions internationales du travail et de son propre code de conduite.
Adidas doit assumer sa responsabilité de donneur d’ordres et prendre les mesures nécessaires pour remédier aux violations du droit du travail par son fournisseur, et donc au non-versement des sommes dues aux travailleurs-ses suite à la fermeture illégale de l’usine. En d’autres termes, s’il n’est pas possible d’obtenir ces versements du propriétaire ou des instances juridiques compétentes, la marque doit payer directement les indemnités.
…mais court derrière les profits
Une chose est certaine : ce n’est pas le manque de moyens financiers qui empêche Adidas d’agir. A la fin de l’année 2011, la multinationale affiche une augmentation de 18% de ses profits. La marque a également pu rassembler 100 millions de livres sterling (125 millions d’euros) pour devenir le principal sponsor des Jeux Olympiques de Londres. Pour habiller et équiper les futurs champions, Adidas ne regarde donc pas à la dépense. Un accord récemment signé avec l’athlète britannique Jennifer Ennis porte à lui seul sur un demi-million de dollars.
A l’approche des grandes rencontres sportives de l’été, nous demandons à Adidas de respecter les droits des travailleurs-ses qui fabriquent ses produits et en particulier de s’assurer que les ancien-ne-s salarié-e-s de PT Kizone obtiennent leurs indemnités.
Il est temps qu’Adidas :
– paye les 1,8 millions de dollars d’indemnités restants, avec les intérêts ;
– leur garantisse un travail aux mêmes conditions contractuelles ;
– s’engage dans un processus de discussion avec le syndicat majoritaire de l’usine.