Faire tomber le mur de l’impunité des multinationales
« Faire tomber le mur de l’impunité des multinationales » : c’était le titre de la soirée organisée, le 28 novembre 2019, à la salle Rabelais à Montpellier par le collectif montpelliérain « Régulation et transparence des entreprises », dont le collectif Éthique sur l’étiquette de Montpellier fait partie. Une centaine de personnes y ont assisté.
Cette soirée a eu lieu autour de 3 invitées :
Pierre Bourguet, responsable du collectif Éthique sur l’étiquette de Montpellier a animé le débat puis l’échange avec la salle.
L’objectif de la soirée était de mieux comprendre ce qui se joue dans l’économie mondialisée à travers notamment les « chaînes globales de valeur », c’est à dire l’organisation et les modes de fonctionnement des multinationales depuis quelques décennies, renforcés ces dernières années, et d’en évoquer la conséquence : l’impunité dont ces multinationales bénéficient vis-à-vis des atteints aux droits fondamentaux. Et bien sûr, d’évaluer le combat à mener contre celle-ci et les actions possibles pour y mettre un terme.
En effet, à travers leurs filiales, fournisseurs et sous-traitants, les sociétés transnationales portent une énorme responsabilité dans la détérioration de l’environnement et dans l’accroissement des violations des droits humains au travail et dans la société : conditions de travail indécentes, bafouement des droits syndicaux, non-respect du principe de précaution, négligences graves entraînant des catastrophes et la mort de milliers de personnes, mais encore travail forcé, corruption, criminalité financière (fraude et évasion fiscale) en sont les principaux éléments.Tout cela est possible car elles échappent dans de nombreux pays à un contrôle démocratique et juridique. L’impunité dont elles profitent est scandaleuse et inacceptable.
C’est contre cette impunité que luttent de nombreux·ses travailleur·se·s, syndicats, ONG et militants politiques, organisés en coalitions à travers le monde et qui a abouti en France en 2017, à l’adoption de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales. Cette loi, pionnière dans le monde, constitue une première brèche à cette impunité en permettant d’engager la responsabilité juridique d’une entreprise donneuse d’ordres pour des atteintes commises via sa chaîne de sous-traitance. Gagné par une coalition inédite de la société civile et de députés, ce combat se poursuit en Europe avec la campagne « #StopImpunité » lancée au début de cette année, pour exiger des décideurs européens une régulation contraignante de l’activité des multinationales et l’accès à la justice des populations affectées par leurs abus. Tout au long de l’année, elle a interpellé les candidat·e·s aux élections européennes, puis les député·e·s élu·e·s, ainsi que les États membres pour s’assurer que la lutte contre l’impunité des multinationales soit au cœur du nouveau mandat du Parlement européen et de la nouvelle Commission autour de deux demandes : soutenir les négociations en vue de l’adoption du traité discuté à l’ONU sur les multinationales et les droits humains et la fin des tribunaux d’arbitrages entre États et investisseurs.
Les échanges entre les intervenantes et la salle remplie ont été riches et motivants afin de passer à l’action pour lutter contre l’impunité des multinationales. Dès le lendemain, lors du Black Friday, contre Amazon et son monde nous avons bloqué l’accès aux casiers de l’entreprise pour dénoncer son modèle économique qui est un désastre écologique et social.
Le collectif « Régulation et transparence des entreprises », créé à Montpellier en 2016, regroupe ATTAC, le collectif Éthique sur l’étiquette, le CCFD-Terre Solidaire et OXFAM-France.
– Visionnez l’intervention de Nayla Ajaltouni
Publié le 29 novembre 2019 par